Virginie Cavalier

Je questionne la condition animale, son statut, l’ humain face à l’animal. Les animaux qui m’inspirent et que je tente de magnifier sont issus de la chasse. En aucun cas ils n’ont été tués du fait de ma volonté, je récupère leurs «restes», leurs dépouilles délaissées. Une fois nettoyées pour certaines, je les traite pour leur conservation. J’en trouve aussi en chinant, dans des élevages de petits producteurs, ou lors de marches en montagne, où ils étaient livrés à la putréfaction. Malgré ma pratique, veiller à ne jamais tuer est essentiel, je conçois mon rapport à la nature dans une optique réciprocité et d’appartenance à la même communauté.

​Les Amérindiens, primo Américains, lorsqu’ils tuaient un animal se devaient d’utiliser un maximum des parties de celui ci, la mort de l’animal devait avoir un sens. Ils conservaient alors les os. Afin d’obtenir l’accord du dieu des animaux et ainsi continuer de chasser, ils donnaient les ossements en offrande à celui-ci. Certains hommes se mariaient à des animaux. Cela en contraste avec un mode de vie actuel qui produit en masse de la viande afin de satisfaire le plus grand nombre. Un non respect de la dignité dans la mort et un dénigrement de la vie, inhérent au taux de population et nos habitudes. À travers mes pièces, et l’utilisation de ces dépouilles qui selon moi ont une âme, une valeur émotionnelle, je tente en premier lieu de rendre le sujet plus palpable.

​Mon vécu est ce qui m’a amenée à ce processus de création, ayant subie de multiples agressions, m’étant sentie aussi considérée comme proie par le passé. Je rie
parfois de notre situation d’êtres mortels par l’usage de l’humour noir. Par le tabou, il créé une dualité, nous éprouvons dégoût et amusement. Aborder la mort à travers l’humour, dans des gestes de désacralisation, de détournement, de fantasme, en fin de compte, me permet de me l’approprier et ainsi de moins la craindre.

​Dans une idée de rendre hommage, et donner du sens à la disparition de l’animal, je crée une dualité entre le vivant et la mort, entre l’animisme et le trophée de chasse. Je pratique des rites, marques du glissement vers la mort, en soulignant cette appartenance à la communauté du vivant. Un procédé d’identification qui a glissé vers un intérêt pour les sociétés animistes, où l’animal acquiert une réelle force dans l’environnement, aide, accompagne, soigne l’homme dans son quotidien.

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